Ne nous fachons pas, ça ne vaut pull à peine
L’hiver, je ne sais pas chez vous, mais à Paris, im-po-ssible de trouver un pull qui fasse plus d’un demi-millimètre d’épaisseur. Un pull bien épais, en laine, à col roulé, si vous en avez chez vous, j’achète, parce qu’ici, ça n’existe plus. Aujourd’hui, l’élégance d’un pull col en V est primordial. Bon, ok, tu te gèles sévère mais c’est pas grave, tu es élégant. Tremblant, bleu tirant sur le violet, mais élégant.
Vous n’en croisez jamais, vous, ces gens qui préfèrent avoir un petit sweat par –5°C, qui ont des pulls en acrylique (ceux qui brillent et changent de couleur selon la lumière, classe) par jour de tempête de neige, et, allez, concession, une petit veste de costard par dessus quand la Sibérie est partie envahir l’Europe ?
Vous vous dites que le monde est décidément inégal et injuste, certains naissent avec une prédisposition à supporter le froid mieux qu’un suédois sa femme (50 rapports par an. Je ne me l’explique pas, il faut un brise glace ?)(cette minute de poésie vous était offert par André Bide), alors que vous, vous êtes en hypothermie de jour comme de nuit. Rassurez-vous, ces personnes ne retrouveront l’usage complet de leurs orteils qu’au printemps (pour les neurones, c’est déjà trop tard), ils souffrent comme vous du froid, mais également d’un autre mal, le « Fashion-victimisme ». Les Fashion victimes (prononcez fachon, comme Fauchon, mais sans le u. C’est fou ce que ça change le monde, une lettre) ne veulent PAS passer inaperçu. Déjà que quitter leurs lunettes, ça leur fait mal (« Han, mon dieu, le monde n’est pas jaune/violet/avec des petits cœurs en haut à gauche ?? » Rayez la mention inutile), alors, pas question de se transformer en être informe, comme on en croise trop souvent, boudiné dans un pull, caché sous un manteau, une écharpe, des gants et j’en passe et des guêtres.
Ainsi, les voilà déambulant sous des vêtements plus fin que Kate Moss, le nez levé pour bien voir le regard frileux des passants, tout en faisant bien semblant de ne pas s’en préoccuper, le sourire aux lèvres (« Ha ha, même pas mal »), les cheveux collés sur le crâne en une coiffure savamment faussement pas travaillée. L’ourlet est fait le matin à l’aide d’un double-décimètres, les trous dans le jean sont faits avec un compas, l’angle de balancement des bras en marchant est calculé avec un rapporteur : le fachon est un nostalgique de ses premiers cours de maths (et accessoirement, a trouvé le moyen de rentabiliser à long terme ces instruments qui ne nous servent que 2-3 ans, et qui traînent inutilement chez la plupart d’entre nous)(Non, je ne jette pas souvent mes affaires, pourquoi ?). Parfois, on se dit que c’est un métier plus qu’une passion. Bon, ils doivent se faire des piqûres de vitamines pour ne pas tomber malade le soir en rentrant, vivre dans un appartement surchauffé, dormir avec des bouillottes, qu’en sais-je, mais l’effet est là : Ils sont fachons.
Certes, vous me direz, qu’y a-t-il de cool à être transformé en schtroumpf, les cheveux gelés parce qu’en dessous de zéro, le Vivelle Rouge Béton, ça glace, et devoir faire de ses hivers un grand sacrifice sentimental, obligé qu’ils et elles sont à se faire pousser les poils au maximum pour se faire une invisible et naturelle protection contre le froid ? (Ce qui est il est vrai moins classe pour une femme qu’un homme. Je n’y peux rien, les conventions poilesques sont ce qu’elles sont) Eh bien c’est simple : aucune idée.
Mais à cause de ces gens là, qui aident certainement Damart à ne pas disparaître dans le plus grand secret (« Damart, froid ? Moi ? Jamais, sauf en hiver »), les vendeurs de vêtements sont devenus fachons eux aussi. Ils ciblent une clientèle qui passent son temps à acheter des vêtements (et pas de mangas ni de jeux.. Mais comment font ils pour vivre ??). Car oui, une autre caractéristique du fachon, c’est qu’il possède une penderie plus fournie que le torse de Demis Roussos. Alors me voilà en plein hiver, avec des températures frisants le nombre de buts du PSG à domicile, sans rien à me mettre. Pourquoi, mais pourquoi a-t-il fallu que ma belle-mère découvre que les sèches-linge faisaient feutrer la laine avec MES pulls ? Ou, posé autrement, pourquoi mais pourquoi ai-je mis si longtemps à faire ma lessive moi-même ? C’est sympa, l’hiver, mais ça le serait encore mieux sans le froid et la gastro. Et la grippe. Et le rhume. Et le soleil qui se couche à 16h. Et qui se lève à 10h..
Tain, vivement l'été...
Et le pire, c’est qu’il y aura toujours des vêtements fachons, en été..
Je sens que je vais instaurer la mode des gros pulls en été. Les fachons seront contents, ils auront toujours l'air aussi con à nos yeux